lundi 23 mai 2011

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Hobo And Friend (couverture SEP, 18 octobre 1924)

Un simple bougre, clochard avec son baluchon à proximité, les chaussures sans lacet, en train de se faire cuire deux saucisses. Voilà la première image de James K. Van Brunt. Une fois n'est pas coutume, parlons d'un des modèles favori de notre illsutrateur. La notoriété établie, Norman, dès 1923, voit frapper à la porte de son atelier, un petit monsieur. S'il n'avait pas fait attention, il n'aurait vu que des yeux “pochés”, un grand nez tortueux qui se maintenait tant bien que mal au dessus de la plus gigantesque moustache qui lui ait été donné de voir. “James K. Van burnt, monsieur, cinq pieds deux pouces de haut, comme Napoléon Bonaparte”, voilà comment il se présenta. Après s'être vanté d'avoir participé aux batailles de Fredericksburg et d'Antietam, avoir combattu les indiens Sitting Bull et Crazy Horse, ce petit monsieur poursuivit :” Ma moustache mesure huit pouces d'un bout à l'autre”. James détaillait ses mensurations, espérant se faire embaucher. Norman se moquait bien de sesproportions, il avait trouvé une “gueule”, un faciès.
Il l'embaucha et réalisa cette première toile. En 1925, James apparu de nouveau dans le SEP du 31 janvier dans la toile Crossword Puzzle sous la forme d'un lecteur.Et c'est encore sous la forme d'un lecteur un peu fou qu'il le peignit pour la une du 14 Août 1926. Mais une des consécrations de sa vie est le fait d'avoir posé pour la première couverture en quadrichromie du SEP du 6 février 1926, Sign Painter. Il eut l'insigne honneur en plus d'être sous les traits d'un peintre. Vous avez du mal à le reconnaitre? Normal, il a rasé sa moustache... Pleignez vous plutôt aux lecteurs assidus du SEP. A force de le voir en couverture, ils se sont plaint. Ni une, ni deux, le grand George Lorimer ne voulut plus de lui. Mais Norman eut l'idée de lui raser sa moustache si reconnaisable. James, au bout de quinze jours et dix dollars, une fortune, accepta. Et c'est ainsi, que son visage buriné et son corps fin incarnèrent le peintre “en lettres”. La moustache réapparue néanmoins dans Dreams Of Long Ago en 1927 et dans Guilding The Eagle de 1928. Son visage était tellement expressif que Rockwell le fit poser sous les traits d'une, enfin trois femmes, trois comères dans The Gossip du 12 janvier 1929. La moustache est bien sûr de nouveau absente. Fallut-il à notre illustrateur qu'il mit encore la main à la poche? Nous ne le savons pas. Mais une chose est sûr, c'est que Norman avoua s'être régaler de le voir poser en robe d'époque!


Le 20 et 21 mai 1927, Charles Lindbergh futle premier homme à relier New York à Paris dans son désormais célèbre avion : le Spirit Of Saint Louis. Cette dangereuse traversée de l’Atlantique lui vaudra le titre de “pionnier de l’aviation”. Norman, grand patriote et très attaché à “sa mère Patrie” y voya l’occassion de célébrer l’esprit de conquète cher aux américains.

Aviation Pionner – Portrait of Charles Lindbergh
(SEP, 23 Juillet 1927)

Cette couverture a un style différent des autres couvertures habituelles de Rockwell. Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une scène complète mais d’un portrait entouré de pictogrames. En second lieu, elle n’est pas narrative mais un véritable hymne à l’esprit américain.
Rockwell, avec raffinement, portraiture un héros: Charles Lindbergh. Sur un fond bleu azur pour rappeler le bleu du ciel, son visage est de face. Il est légèrement en contre-plongée, ce qui lui donne une stature. Il porte l’attribut indispensable, son casque d’aviateur. Le regard au loin semble prolongé son exploit. Ses traits sont masculins. Ils sont adoucis par une lumière venant du haut. Rockwell a cependant pris soin d’affaiblir l’ombre sous son menton pour éviter la rigueur, voir le double menton. Le cou se “termine” en non-finito”, et la tête semble flottée comme sont avion. Néanmoins, alors que le visage sans le socle du corps aurait pu “vacillé”, Norman l’inscrit dans un cercle ouvragé et doré, ce qui le stabilise. Son graphisme s’apparente à l’art décoratif. L’illustrateur y appose le pictogramme du Spirit Of Saint Louis. Ce cercle peut faire penser à un nimbe orthodoxe, ou à une auréole catholique. Ce qui rehausse la “sanctification” de ce pionnier.
Deux pictogrammes représentant une caravelle, peut-être la Santa Maria de Christophe Colomb, et un chariot de cow boys, inscrivent l’exploit de ce jeune aviateur dans les pas des pionniers qui traversèrent l’Atlantique pour s’installer aux USA et qui conquérir l’Ouest américain.
Le bas de la toile est simplement recouverte du mot “pioneer”, dans une typographie aérée et épurée. La sangle du casque d’aviateur fait la liaison entre les trois parties.

Rockwell magnifie Lindbergh en juillet 1927, sans se douter que ce dernier affirmera des “sympathies” pour un ordre brutal et autoritaire quelques années plus tard. En 1935, Lindbergh, en mission en Allemagne, sera chargé de faire un rapport sur la Luftwaffe. Il en reviendra ébloui et décoré de l’ordre de l’Aigle Germanique, remis par Göring lui-même. Isolationnisme, sympathisant à l’Allemagne nazie, il changera néanmoins d’avis après l’attaque sur Pearl Harbor en décembre 1941. Il mènera alors plus d’une cinquantaine de mission dans le Pacifique.

Petite note féministe: je voudrais ici citer Amélia Earhart, surnommée Miss Lindby en référence à son illustre compatriote. En 1928, soit un an après Linbergh, cette jeune femme pilote fut la première à réussir la traversée de l'Atlantique. Bien que le “machisme” l'ait empêché en 1928 de piloter, elle renouvela l'exploit en 1932 mais cette fois-ci aux commandes. Elle devint donc la première et la seule pilote à réussir la traversée de l'Atlantique deux fois en solitaire. Elle disparut, le 2 juillet 1937 , au cours de la dernière étape de son tour du monde (passant par l'Equateur),au large de l'archipel Kiribati aux commandes de son bimoteur Lockheed Electra.

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